Inflation induite : la guerre économique qui fait grimper les prix depuis l'étranger
- Écrit par Raúl Antonio Capote
- Published in Cuba
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Ces jours-ci, le débat sur la question de l'inflation induite a envahi les espaces publics et les médias. Le complot dénoncé par la télévision cubaine, qui a révélé la participation d'acteurs externes associés au Département d'État et aux services spéciaux des États-Unis, a mobilisé la société cubaine durement touchée par ces actions.
Il n'y a rien d'innocent dans la conduite de médias comme « El Toque ». La manipulation des taux de change est intentionnelle et fait partie du schéma de guerre économique contre Cuba.
L'inflation induite est une hausse généralisée et soutenue des prix, provoquée de manière délibérée. Contrairement à l’inflation, qui découle « organiquement » d’un déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché, l’inflation induite est le résultat d’une décision consciente.
Lorsqu’un pays ou un bloc de pays – par exemple, les États-Unis et l’Union européenne – impose des mesures coercitives économiques à un autre, il limite son accès aux marchés, aux devises et aux technologies. Ces actions provoquent une pénurie de produits importés et de biens de capital, ce qui fait grimper les prix.
D’autre part, le rôle joué par les médias et les réseaux sociaux est souvent sous-estimé. Ils agissent comme de puissants amplificateurs et accélérateurs, par le biais d’un mécanisme clé : la formation d’attentes inflationnistes.
Selon les experts en la matière, il ne s'agit pas seulement d'un phénomène économique, mais aussi psychologique. Si les consommateurs, les MPME et d'autres acteurs s'attendent à ce que l'inflation augmente, ils agissent en conséquence.
Lorsqu'une personne à Cuba se plaint auprès d'un commerçant, formel ou informel, de l'augmentation démesurée du prix d'un produit ou d'un autre bien ou service de la vie quotidienne, il est courant d'entendre dire : « le problème est que le dollar a augmenté ».
Autrement dit, les fournisseurs imputent la hausse des prix à l'augmentation du dollar.
Lorsque les médias mettent constamment en avant des informations sur les hausses de prix, avec des titres alarmistes (« L'inflation s'emballe », « Les prix montent en flèche »), ils génèrent une perception de crise dans l'esprit du public. En donnant un espace prioritaire et répétitif au sujet, ils installent l'idée que c'est le problème principal.
Les prévisions des analystes économiques influencent l'état d'esprit des gens et génèrent un degré élevé d'anxiété. Si la plupart des spécialistes prévoient des hausses de prix dans un avenir proche, les entreprises commenceront à planifier en fonction de ces projections, alimentant ainsi la spirale inflationniste.
De plus, si les médias transmettent un message de « manque de contrôle » ou de « manque de crédibilité » des autorités, les attentes se transforment en une avalanche et le phénomène devient plus difficile à contrôler.
Dans ce contexte, les réseaux sociaux rendent la peur et la désinformation virales. Un clip, un reels ou un post affirmant que « le dollar va monter en flèche » peut devenir viral en quelques heures, provoquant des achats de panique de cette devise.
Il convient de noter que les algorithmes montrent aux utilisateurs un contenu similaire à celui qu’ils ont déjà consommé. Ainsi, une personne préoccupée par l’inflation verra de plus en plus d’informations et de commentaires négatifs, renforçant sa perception d’une situation catastrophique et amplifiant son anxiété.
Si un influenceur ayant de nombreux abonnés recommande « d’acheter des dollars maintenant », cela peut provoquer une ruée vers les devises qui affaiblit la monnaie locale. De telles expériences ne sont pas rares.
Avec cette amplification, le risque qu’une hausse des prix se transforme en une spirale inflationniste incontrôlée est beaucoup plus grand.
Ce phénomène n’est pas nouveau. Cette stratégie s’inscrit dans le cadre de la guerre multiforme menée contre Cuba, afin de promouvoir la sédition interne, de générer le chaos et de provoquer des conditions d’ingouvernabilité qui permettent de renverser la Révolution par la violence.
