Cuba: Le blocus est un acte de guerre en temps de paix
- Écrit par Iris de la Cruz Sabori, Granma
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Le blocus cause des dommages humanitaires, des souffrances, des privations, des angoisses, non seulement parce qu'il constitue une violation du Droit international et humanitaire, mais aussi parce qu'il s'agit d'un acte de guerre en temps de paix », a rappelé le ministre cubain des Relations extérieures devant l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire.
Les pertes cumulées dues au blocus économique, financier et commercial imposé par le gouvernement des États-Unis à Cuba dépassent 150,41 milliards de dollars et, compte tenu de la dévaluation du dollar par rapport à l'or, ce chiffre atteint mille milliards de dollars.
Tels sont les propos tenus par le membre du Bureau politique du Parti et ministre des Relations extérieures, Bruno Rodriguez Parrilla, lors de son intervention à la 2e Session extraordinaire de l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire (anpp), au cours de laquelle il a retracé l'historique de l'impact de cette politique hostile à l'égard de l'Île.
Il a évoqué les différentes étapes du durcissement du blocus, au cours desquelles la Loi Torricelli, la Loi Helms-Burton, le Plan Bush et les mesures de pression maximale adoptées par l'administration de Donald Trump ont causé des dommages considérables à l'économie nationale, ce qui a eu un impact significatif sur la qualité de vie du peuple cubain.
Il y a une première phase du blocus qui a duré jusqu'aux années 1990, a-t-il rappelé, et qui se caractérise, en premier lieu, par le fait qu'elle a commencé pratiquement avec le triomphe de la Révolution.
« En 1959, il y avait déjà des mesures de blocus, après les réformes générales. Quelques années plus tard, le Mémorandum Mallory fut officialisé, qui consistait à déprimer les salaires nominaux irréels, afin de provoquer la faim, le désespoir et la souffrance, et de ce fait le renversement du gouvernement ». Cependant, a ajouté le chef de la diplomatie cubaine, « ils ont reconnu que la majorité de la population soutenait la Révolution ».
Il a souligné que cette politique a continué à s'intensifier, mais dans le cadre des relations économiques avec l'Union soviétique et des relations avec les pays du camp socialiste. Son impact sur l'économie cubaine était difficile, et sa portée extraterritoriale était également plus faible.
Au début des années 1990, la Loi Torricelli a rompu les liens, rendant difficile les achats - notamment d'aliments et de médicaments avec des filiales - provenant de sociétés mères étasuniennes mais enregistrées en Europe. « Il s'agit d'une mesure très agressive à l'encontre des pays tiers et des relations économiques de Cuba sous d'autres latitudes », a-t-il indiqué.
Le ministre des Relations extérieures a rappelé qu'à l'époque, le vote de la résolution contre le blocus étasunien contre Cuba avait commencé à l'Assemblée générale des Nations unies et qu'il n'avait recueilli qu'un peu plus de 50 voix la première fois, en 1992, ce qui coïncidait, par opportunisme, avec l'effondrement de l'Union soviétique et du soi-disant socialisme européen.
Par la suite, a souligné Rodriguez Parrilla, la Loi Helms-Burton, dans sa pire variante, a établi la codification du blocus ; d'une part, en raison de sa nature extraterritoriale et, d'autre part, parce qu'elle a établi la condition que le blocus ne serait pas levé tant que les propriétés américaines qui contrôlaient l'économie du pays, et qui avaient été nationalisées avec le triomphe de la Révolution, n'auraient pas été « restituées ».
D'autre part, a-t-il indiqué, le Plan Bush a introduit, en 2000, des éléments d'intensification du blocus.
DES CHANGEMENTS DANS LA NATURE DU BLOCUS
De 2000 à 2014, a signalé le ministre, on a assisté à un changement dans la nature de cette politique génocidaire de coercition.
Il a précisé qu'en premier lieu, les relations économiques internationales de Cuba se font avec des pays autres que ceux avec lesquels le pays avait déjà tracé un chemin.
Il a indiqué que le pays a démarré dans un système de commerce international au sein du capitalisme, dans sa phase néolibérale la plus dure, au sein de l'unipolarité et dans des conditions beaucoup plus difficiles, ce qui est intimement lié à la période spéciale.
À l'époque, les transferts d’argent vers Cuba ont été interrompus et les membres de la famille des Cubains étaient interdits de visite dans notre pays.
En 2014, avec le processus de négociation avec les États-Unis, qui a permis le retour des Cinq héros antiterroristes cubains dans leur pays, une autorisation a été approuvée pour que les citoyens des États-Unis - qui jusqu'à présent étaient privés de la liberté de voyager à cause du blocus - puissent se rendre sur l'Île pour des voyages individuels. Trente-deux accords de coopération ont été établis, qui existent aujourd'hui et sont utiles, bien qu'ils soient appliqués de manière très limitée, les relations migratoires ont été réorganisées et les États-Unis se sont abstenus de voter à l'Assemblée générale sur le blocus exercé contre Cuba.
Le chef de la diplomatie cubaine a expliqué que ce processus produit des résultats bénéfiques tangibles pour notre peuple, ainsi que pour le peuple étasunien et les Cubains vivant aux États-Unis.
« Il s'agit d'un blocus dans lequel il n'y a pas d'assouplissement des mesures financières ; cependant, des pas importants sont franchis, comme l'exclusion de Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme, que notre pays avait injustement rejoint depuis les années 1980, coïncidant avec l'une des périodes les plus agressives de l'impérialisme étasunien contre l’Île », a indiqué le membre du Bureau politique.
Lors du Sommet des Amériques qui s'est tenu peu de temps auparavant à Panama, le général d'armée Raul Castro Ruz avait fait une dénonciation vibrante et percutante, avant la visite à Cuba du président Barack Obama.
DE 2019 À AUJOURD'HUI: UNE FORTE RECRUDESCENCE
La troisième étape commence en 2019, avec les mesures de pression maximale du président Donald Trump, dont plus de 80 sont des sanctions directes, avec un impact économique considérable. Ce sont les mêmes mesures que l'administration actuelle de Joe Biden maintient, d'un point de vue réglementaire et pratique.
Neuf jours avant de quitter la Maison-Blanche, a-t-il rappelé, Trump a inscrit Cuba, une nouvelle fois, sur la liste des pays soutenant le terrorisme.
Il a également précisé qu'à ce moment-là, des mesures échelonnées et bien conçues ont été prises pour nuire à l'économie et causer des dommages humanitaires.
« Rappelez-vous les mesures contre le carburant, contre les croisières, contre les voyages, contre les entreprises cubaines sanctionnées, entre autres, qui ont un effet sur notre population », a-t-il dit.
« Les relations consulaires sont interrompues, le regroupement familial est entravé et, par conséquent, il est difficile pour les Cubains d'obtenir des visas pour voyager ou émigrer depuis La Havane », a-t-il ajouté.
Bruno Rodriguez souligné que, pendant la pandémie de covid-19, le blocus s'est attaqué aux importations vers Cuba en les interdisant et, en particulier, il a empêché l'importation de ventilateurs pulmonaires et l'importation d'oxygène en provenance de pays tiers, et des mesures ont été prises contre la mise à l'échelle industrielle de la production de nos vaccins.
En 2021, alors que notre pays traversait le pic de la pandémie et que les États-Unis « assouplissaient les sanctions imposées à pratiquement tous les pays pour des raisons humanitaires », les dommages causés par le blocus à Cuba ont atteint 4,363 milliards de dollars, a indiqué Bruno Rodriguez Parrilla.
Et d’enchaîner : « Le blocus cause des dommages humanitaires, des souffrances, des privations, de l'angoisse, non seulement parce qu'il constitue une violation du Droit international et du Droit humanitaire, mais aussi parce qu'il s'agit d'un acte de guerre en temps de paix. »
« Il ne fait aucun doute que notre économie se développe dans des conditions vraiment oppressives et extraordinaires, qui causent d'énormes dommages économiques et humanitaires, mais j'ai la profonde conviction que, comme cela a été démontré ces dernières années, il est de notre ressort, en limitant les effets du blocus, d'avancer et de nous développer par nos propres moyens », a conclu le ministre cubain des Relations extérieures.