Cuba: Des maisons en acier
- Écrit par Carmen Maturell Senon
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Photo: Ricardo López HeviaAu milieu de la situation complexe liée à la construction de logements, la transformation de conteneurs maritimes en maison apparaît comme un outil innovant dans le cadre d’un écosystème proposant d’autres solutions
Certes, ce n'est pas un logement luxueux. Ici, il n'y a pas de grands espaces où se déplacer ni de sols aux carrelages décorés
Ici, en ce moment, il y a une odeur de bois fraîchement coupé, une odeur de fer brûlé ; des étincelles et des vis sur le sol et des hommes qui parlent et qui travaillent.
« C'est un conteneur. On ne peut pas faire grand-chose », avoue l'homme perché sur un échafaudage tandis qu'il soude le cadre de l'une des fenêtres. Il assure que, pour ceux qui ont besoin d'un logement, c’est une « très bonne option ».
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Il est plus de 9 heures, et à l'Unité d'entreprise de base (UEB) Producciones Metálicas à Guanabacoa, les ouvriers transforment plusieurs conteneurs en logements, qui seront distribués dans certaines municipalités de La Havane.
Au vu du nombre d'hommes qui travaillent, il semble qu’ils ne termineront jamais ; mais « ainsi, petit à petit, divisés en équipes, nous avons bien avancé », dit l’un d’eux.
Un conteneur, ce n'est rien d'autre qu'une grande caisse en acier standardisée, conçue pour transporter des marchandises. À l'intérieur, il n'y a rien, seulement de l'espace vide. Cependant, ceux d'ici, d'une capacité de 29 mètres carrés, ont déjà des cadres de portes et de fenêtres.
En entrant, on tombe sur le petit salon, d’où on accède à la première pièce. À gauche se trouve la cuisine-salle à manger, de moins de deux mètres, et juste à côté se trouve la salle de bain.
Avant d'arriver à la deuxième pièce, il y a une porte arrière qui donne sur la « petite cour de service » qui, avec les sept fenêtres, permettra la ventilation de ce qui sera bientôt un lieu de vie.
« L'intérieur est recouvert d'un revêtement pour atténuer un peu la chaleur, et nous allons également recouvrir la salle de bain, mais avec un matériau plus lisse », explique Juan Reyes, qui ajuste les vis des portes.
Il explique qu'il travaille sans relâche depuis une semaine avec son équipe de charpentiers, car « nous devons terminer le plus rapidement possible ».
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Ce sont environ 3 500 conteneurs maritimes, ayant déjà servi, qui sont arrivés à Cuba avec des sources d'énergie renouvelables, qui seront transformés en logements modulaires, avec toutes les conditions d'habitabilité.
Selon Delilah Diaz Fernandez, directrice du Programme de logement au ministère de la Construction, toutes les entreprises ayant des capacités de construction ont été sollicitées pour ce projet. Par l'intermédiaire des gouvernements territoriaux, de la direction provinciale et municipale du logement, nous avons engagé toutes les personnes capables de travailler sur ce type de solution.
Ces logements, dit-elle, offriront l'indispensable pour une « maison digne » ; les fondations ne seront pas collées au sol et, dans le cadre du processus de finition, une peinture anticorrosion sera appliquée. Cependant, « il sera possible d'innover avec des solutions locales ».
Toutefois, lorsque la personne sera propriétaire, l'entretien « sera à sa charge ».
En réalité, compte tenu de la situation à laquelle est confronté le Programme de logement (déficit de bâtiments, prix élevés, pénurie de matériaux de construction et production insuffisante), ce système de construction de logements, financé par le Budget de l'État, se distingue par sa rapidité et son faible coût.
Les gouvernements locaux sont chargés d'attribuer ces logements aux travailleurs sur les parcs solaires photovoltaïques, aux personnes touchées par des événements climatiques ayant entraîné l’effondrement total de leur maison et à celles en situation de vulnérabilité « qui attendent un logement ».
Pour cette attribution, le bénéficiaire devra payer un montant fixé par la banque, qui varie « dans chaque cas en fonction des matériaux utilisés et de la finition de chaque construction. C'est pourquoi nous avons insisté pour utiliser des matériaux endogènes », explique Diaz Fernandez.
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Beaucoup de bruit. De la pression, puis du mouvement. Un homme pose le premier panneau de contreplaqué sur la paroi du conteneur. Les structures en fer qui forment les cadres de la maison sont également prêtes à être recouvertes de cette fine couche. Tout l'espace sera recouvert avec ces panneaux de contreplaqué, expliquent-ils.
« Ensuite, nous installerons les câbles électriques, les boîtiers, toutes les prises de courant, les lampes. Mais l'alimentation électrique est sur place », assure Oscar Diaz Diaz, deuxième chef de production de l'UEB.
Des éclats de conversation proviennent de l'un des conteneurs. Il semble que le courant ait été coupé dans cette partie du chantier et, pendant qu'ils essaient de démarrer le groupe électrogène, tout le processus doit être interrompu.
La directrice du Programme de logement du Micons nous confie que ce sont des choses comme celles-ci, les problèmes de carburant et d'électricité, qui ralentissent la construction, ainsi que le transport des logements vers les zones d'habitation.
C'est pourquoi, tandis qu'une femme balaye le sol en bois, tout en disant : « ça ne sera pas mal, ça sera joli », certains ouvriers préfèrent s'allonger dans un camion. En attendant que « le courant revienne», comme les jours précédents, ils finiront tard aujourd'hui également.
« Et quand nous aurons construit ces 35 maisons », qui sont destinées au quartier La Solita, à Arroyo Naranjo, tout recommencera « car il nous reste encore d'autres communes à desservir ». Peut-être que la prochaine fois, cela ira plus vite. (Source : Granma)
