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Adoptions du théâtre cubain

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Peu de personnes peuvent imaginer les scènes qui se cachent derrière les rideaux des théâtres. Les stéréotypes suggèrent une vie qui, beaucoup de fois, n’est pas présente dans la douleur et les sacrifices de ceux qui font le théâtre.
 
Cuba a un héritage et une magie capables d’obscurcir les capacités de n’importe quel étranger qui vienne à l’île. Nous sommes héritiers de Virgilio ; nous sommes comme un tremblement de terre classique et romantique ; nous sommes les enfants d’une Médée tropicale qui, avant de penser à Jason, doit devenir travailleuse indépendante pour financer sa vengeance. Telle est l’atmosphère qui beaucoup de fois inonde la place parfaite qui nous permet de rêver et d’apprendre à devenir les enfants distingués qui surprennent le monde avec leur résistance.
 
David Rocha, acteur, marionnettiste, spécialiste du théâtre, et hérétique vient à Cuba avec 17 ans seulement. Avec une mère nicaraguayenne et un père vénézuélien, lui, il est né à la périphérie de la ville de Managua ; la Managua d’après le tremblement de terre, d’après la dictature ; une Managua sandiniste et spectrale. À Cuba, la mer s’emparait de tous les espaces sans demander aucune permission. À Managua, des lacs remplis de requins d’eau douce protégeaient le volcan.
 
L’innocence et l’étonnement accompagnèrent sa colonisation du théâtre. Toutes ses images prirent une forme différente, et ce qui survécut fut l’homme face au plus cruel des résultats du théâtre : soi-même.
 
Le 19e siècle dicta le pulse d’une douloureuse rythmique cocasse. Le théâtre cubain commençait à poser des questions, entouré d’un romanticisme qui nourrissait les désirs d’indépendance. Cuba et son théâtre luttaient pour une liberté nécessaire et tardive. El negro bueno, une guaracha qui accompagnait autrefois les mambises dans les bois ne peut plus être trouvée dans la portée nationale. C’est aussi le cas de beaucoup d’autres créations populaires aux temps de la colonie. L’histoire de cette nation-ci peut être vécue, rêvée et chantée à travers son héritage scénique.
 
Les premières expériences de David comme marionnettiste ont eu lieu dans le groupe Guachipilín. À côté de ses maîtres Gonzalo Cuellar et Zoa Mesa, David créa le destin d’un groupe de marionnettes armées qui faisaient irruption dans l’essence d’une Nicaragua changeante. Les maîtres ont décidé que leurs disciples Zoa Tamara et David viennent étudier à Cuba, un Cuba que, aux années 80, deviendrait partie de beaucoup des procès créatifs du groupe, un Cuba qui les avait accueilli déjà beaucoup de fois au Festival International de Marionnettes de Matanzas.
 
Il y a une quantité tellement grande d’histoires liées au théâtre cubain durant le 20e siècle, que c’est impossible de parler à propos d’elles toutes. C’est suffisant de dire que nous avons été toujours des fils de l’absurde, et que c’est clair que nous continuerons à l’être. On pourrait raisonnablement nous accuser d’imitateurs. En fait, les cubains fiers de son arête ne peuvent même pas être sures de leur propre généalogie. Plus que reproduire des méthodes, nous les avons réécrites et reformulées. Cuba et son théâtre construisent leur « solitude » à partir de leurs multitudes.
 
Ce fut en lissant dans la Bibliothèque de l’Université des Arts qu’Antigone rappela David des cadavres absents de la guerre de Nicaragua. Ce fut à un Festival Elsinor où il s’est déshabillé pour la première fois, où il montra à ses peurs un nouveau langage. Ce fut ici où il aima pour la première fois, où il reçut les guerriers, où il adora Yemayá. Il devint un homme ici. Ici il apprit à entrer par force dans les théâtres ; il vécut les expériences des ouragans et de la Saint-Sylvestre de maison en maison ; il apprit qu’à Cuba les visiteurs réguliers des théâtres deviennent des critiques qui applaudissent et crient avec leurs âmes ; il perdit son accent ; il perdit sa race, il souffrit chacun des procès de la scène cubaine.
 
Aujourd’hui David Rocha étudie les procès de Nicaragua et les compare au Loi de la Reforme Agraire. Il a bu notre vin et jamais ne distingua l’amertume des terres étrangères. Personne ne pensa jamais qu’il était un étranger. Personne ne pensa que cet acteur devenu chercheur, quelqu’un qui souffrait pour Dulce María Loynaz, n’était pas un fier fils de Santiago de Cuba. On peut encore le voir en train de courir au long de la rue Línea durant le Festival International de Théâtre de la Havane, tout en criant à un chauffeur du bus P1 car il n’a pas arrêté où il fallait. Cinq ans ont été suffisants pour qu’il voyage à travers l’île, et pour qu’il apprenne à danser superbement.
 
Il était acteur lorsqu’il est venu à ce pays-ci. Mais je suis sûre qu’il n’était pas ce dont il est fier maintenant : un Cubain. /Cubarte