Judo: Sur la trace des succès d’antan

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Felix Portuondo, responsable de l’équipe technique chargée la sélection féminine nationale de judo nous livre quelques impressions sur ses pupilles.
 
L'une des disciplines les plus prestigieuses de l'histoire du mouvement sportif cubain est le judo dans le secteur féminin. Depuis Estela Rodriguez, Driulis Gonzalez, Amarilys Savon, Sibelis Veranes, Legna Verdecia, Daima Beltran jusqu’à Idalys Ortiz, ce sport s’est distingué pour son vivier de grandes étoiles, qui ont porté au plus haut le nom de notre pays sur les scènes internationales les plus diverses.
 
À l’heure actuelle, dans un contexte différent à celui de ces années de gloire, une jeune sélection s’est donnée pour objectif de suivre la trace des succès d'antan et cherche à écrire sa propre histoire.
 
Le Championnat du monde qui vient de s’achever à Budapest (Hongrie), a été le premier test sur la route des Jeux olympiques de Tokyo 2020. La médaille de bronze remportée par la judokate de Santiago, Kaliema Antomarchi dans la division de 78 kilogrammes n’a pas été suffisante, mais elle apporte un certain vent d'espoir pour l'avenir de ce sport.
 
Granma International s’est rendu jusqu’aux tatamis du Centre de haut niveau Cerro Pelado, où il a rencontré le responsable de l’équipe technique, Félix Portuondo, qui a livré ses impressions sur le dernier championnat du monde et les défis à venir.
 
« Ce championnat du monde a attiré les meilleures figures dans presque toutes les divisions, car les récompenses financières étaient plus élevées qu’à d'autres mondiaux.
 
« Bien que qualifiée de discrète, la performance du judo féminin à Budapest peut cependant être considérée comme positive. Kaliema a enlevé sa première médaille à un mondial, un grand résultat pour elle. Dans sa division figuraient les principales judokates de ce poids, à l'exception de la double championne olympique, Kayla Harrison (États-Unis).
 
« Dans son groupe étaient en lice les Japonaises Mami Umeki et Ruika Sato, ainsi que la Hongroise Abigel Erdelyi-Joo, sixième au classement mondial. Elle a fait face à un programme très compliqué, dans lequel elle a terminé deux combats au « golden score ».
 
« Le duel pour le bronze contre la Japonaise Sato a été l'un des plus importants de sa carrière. Antomarchi n’avait jamais marqué un point à Ruika, pas même un shido dans les affrontements précédents, et au moment de la vérité elle l’a emporté par waza-ari. »
 
Comment se sont comportées les autres athlètes ?
 
Dans les 48 kg, Melissa Hurtado, âgée d’à peine 18 ans, a fait plier au premier combat la Hongroise Eva Csernoviczki, bronze aux Jeux Olympiques de Londres. Durant la préparation avant la Coupe du monde de Budapest, elles s’étaient rencontrées dans un match que la Hongroise avait enlevé. Néanmoins, cela nous avait permis d’analyser son jeu et de décider d’une approche tactique qui, à la fin, s'est révélée payante. Par contre, dans son deuxième combat contre la Française Melanie Clement, elle s’est complètement déconcentrée.
 
Nous avions pensé que la Française allait se battre à droite, mais elle a inversé sa position. Melissa a dû changer la stratégie sur le tatami, ce qui lui a fait perdre sa concentration, à tel point qu’elle n'a pas entendu nos indications et qu’elle a été disqualifié par hansokumake.
 
Quant à Maylin del Toro, qui évolue dans les 63 kg, elle semble avoir eu des problèmes d’ordre psychologique. En effet, cette athlète est arrivée dans cette ville européenne dans une forme excellente, après une formidable préparation et une grande confiance en elle. Je pensais même qu’elle rapporterait l'autre médaille de l'équipe. Malheureusement, elle s’est montrée incapable d’afficher ce niveau dans son premier combat face à la Chinoise Junxia Yang chinois et elle a perdu par ippon.
Anailys Dorvigny était notre représentante en 57 kg, bien que dans ce poids, nous comptions sur une autre jeune expérimentée comme Aliuska Ojeda. Anailys est une judokate courageuse, avec très bon comportement dans les entraînements et pendant les compétitions, mais elle pêche par de nombreuses déficiences techniques qui coûtent cher au plus haut niveau.
 
Elle est tombée au deuxième combat face à la Chinoise Chen-Ling Lien. Comme Ojeda, Dorvigny est un athlète qui en veut vraiment, mais qui n’a pas réussi à concrétiser ses espoirs. Pour conclure, dans les plus de 78 kg, nous avons également une jeune athlète, Eliannis Aguilar, d’à peine 20 ans. Elle a été trahie par l'anxiété et sa rage de gagner. On l’a vu trop impétueuse, changeant le travail tactique que nous avions prévu. La technique de l'épaule qu’elle devait utiliser comme élément surprise, elle l'a utilisée comme une ressource récurrente dès sa première sortie sur le tatami. Sa rivale, la Kazakh, Gulzhan Issanova, est de plus petite taille et pour la projeter, elle aurait dû la prendre par surprise. Elle n’a pas respecté le plan tactique et elle a perdu par trois shidos
 
L'aspect psychologique et la concentration se sont révélés des éléments fondamentaux.
 
Pour que les athlètes gagnent en confiance, il leur faut concourir davantage au plus haut niveau. Elles manquent de compétitions et c’est à nous les entraîneurs de donner de la sécurité à nos judokates. Je ne suis à la tête de cette équipe que depuis quelques mois, mais je sens une disposition très favorable, et la relation entre les filles et l’équipe technique est harmonieuse. /Granma