Quelques vérités sur la migration illégale des Cubains

  • Published in Cuba
  • Hits: 1080

Les migrations humaines remontent à des temps immémoriaux. À tel point que de nombreuses théories suggèrent que, grâce à elles, il a été possible de peupler différentes régions de la planète.

Bien que les raisons de la migration soient diverses, elles sont généralement dues à la recherche de meilleures conditions de vie. C'est pourquoi les guerres, l'extrême pauvreté ou la complexité de l'environnement économique, individuel ou social sont autant de déclencheurs de ce phénomène.

Même si des efforts sont déployés au niveau mondial pour promouvoir une migration légale et ordonnée, et reconnaître et respecter les garanties et les droits des personnes qui prennent la décision de migrer, quel que soit leur statut juridique, nous sommes encore loin d’y parvenir.

Il n'y a pas de consensus sur cette question et, par conséquent, la migration irrégulière et désordonnée est aujourd'hui un problème latent, dont la solution ne se profile pas encore à l'horizon.

CUBA, UN CAS EXCEPTIONNEL ?

Face au droit des personnes à migrer, Cuba a progressivement réussi à mettre de l'ordre dans la législation en vigueur. Les Cubains peuvent voyager partout dans le monde, s'ils se conforment, logiquement, aux réglementations en vigueur dans les autres pays.

Mais qu'est-ce qui fait de Cuba un cas exceptionnel en matière de migration ? La réponse est bien connue. Pendant des décennies, dans leur volonté de déstabiliser le processus révolutionnaire, de construire le mythe de son « inefficacité » en termes de niveau de vie offert à la population et de créer l'idée, aux yeux du monde, qu'il s'agit d'un pays en déclin, les gouvernements successifs des États-Unis ont entravé les voies légales d'émigration des Cubains vers ce pays.

Par ailleurs, ils promeuvent des réglementations spéciales pour les personnes nées sur l'Île, ce qui stimule à la fois les départs illégaux de Cubains et leur tentative d'atteindre ce pays par des voies dangereuses impliquant plusieurs pays du continent.

Le rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba sous l'administration de Barack Obama et la réouverture de l'ambassade des États-Unis à La Havane avaient permis de changer quelque peu la donne, même si le nombre de visas convenu n'a jamais été atteint. Cependant, le gouvernement de Donald Trump est revenu sur tout ce qui avait été obtenu, et est allé jusqu'à suspendre les services consulaires et à obliger les Cubains à se rendre dans d'autres pays pour faire leur demande de visa.

Son successeur, Joe Biden, a maintenu cette même ligne vis-à-vis de Cuba, et bien qu'il ait récemment annoncé la reprise de certaines formalités à l'ambassade, il ne semble pas que les choses vont beaucoup changer.

Ces circonstances, ainsi que les difficultés économiques aussi bien du fait de la pandémie que du renforcement du blocus, ont incité le départ de milliers de Cubains qui, même s'ils quittent l'archipel légalement, une fois dans le pays d'escale, deviennent des migrants illégaux qui tentent d'atteindre les États-Unis.

À LA MERCI DE L'EXTORSION ET DU TRAFIC D'ÊTRES HUMAINS

Depuis le triomphe de la Révolution en 1959, Cuba s'est érigée en pilier de la lutte pour l'éradication de la traite des êtres humains. Il s'agit d'un crime lourdement puni dans notre pays, alors que dans une grande partie du monde, cette activité reste très rentable et, bien évidemment, les migrants irréguliers constituent aussitôt un groupe très vulnérable.

Bien qu'il soit triste de l'admettre, notre continent abrite une diversité de réseaux de trafic d'êtres humains. Les figures les plus connues de ce vaste enchevêtrement de groupes criminels sont sans doute les contrebandiers, appelés les « coyotes », dont la fonction consiste essentiellement à contourner ou à soudoyer les autorités et à faire passer les migrants par les postes frontières.

Ces groupes, sans foi ni loi, sont mus exclusivement par des intérêts pécuniaires, sans aucun engagement envers les personnes qu'ils conduisent. Par conséquent, s'ils se trouvent perdus, ils sont capables d'abandonner, de remettre leurs « clients » aux autorités et, dans le pire des cas, mais non moins fréquent, de les assassiner.

Par conséquent, une fois le trajet de transit illégal entamé, ce sont les personnes entre les mains desquelles se retrouvent nos ressortissants. Les Cubains ont-ils été escroqués, intimidés, victimes de viols ou d'autres agressions physiques, menacés et certains assassinés ? Oui. C'est le risque qu'ils courent, et c'est souvent le prix élevé qu'ils doivent payer.

LA TRAVERSÉE COÛTE CHER. D'OÙ VIENT L'ARGENT ?

C'est incroyable comme l'obsession de « partir » prive les gens de leur bon sens. Logiquement, un voyage de cette ampleur nécessite un soutien financier, à commencer par la demande des documents nécessaires, l'achat du billet et ensuite, bien sûr, le paiement des individus chargés d’acheminer les migrants.

Pour financer leur projet, certaines personnes n'hésitent pas à vendre tout ce qu'elles possèdent, se défaisant de pratiquement tous leurs biens, souvent à bas prix, afin de gagner du temps. N'ayant aucune certitude de pouvoir terminer le voyage, beaucoup se sont retrouvées dans la situation difficile de rentrer chez elles sans rien.

Par ailleurs, devant l'impossibilité d'accuser légalement leurs proches, les Cubains vivant à l'étranger doivent assumer le coût d'un voyage manifestement incertain.

La somme d'argent, à son tour, détermine les conditions du voyage. Certains bénéficient de meilleures garanties de transport, de nourriture voire d'hébergement, tandis que d'autres sont confrontés, par exemple, à la possibilité réelle d'être engloutis par la jungle du Darién au Panama, à la frontière avec la Colombie.

En vérité, quel que soit le prix, je ne crois pas qu'il pourra payer la valeur d'une vie.

CUBA, TOUJOURS À LA UNE

La question migratoire n'échappe pas aux attaques médiatiques permanentes contre notre pays. C'est la raison pour laquelle, bien que des milliers de Latino-Américains entreprennent chaque jour le même voyage, ils ne font pas les gros titres comme les Cubains.

Comme on pouvait s'y attendre, aucun de ces titres ne commence par, par exemple : « Des mesures unilatérales des États-Unis encouragent la migration illégale des Cubains ». Pensez-vous !

Les plus courants, sensationnalistes et malveillants, sont orientés de la manière suivante : « Les Cubains fuient par désespoir en raison de la situation qui prévaut sur l'île », ou « Les Cubains préfèrent être avalés par le Darién plutôt que de continuer à vivre dans leur pays ».

Cela nous permet de comprendre que rien n'échappe à la manipulation lorsqu'il s'agit de notre pays, et que toujours, quelles que soient les causes d'un problème, blâmer le système socialiste ou le gouvernement révolutionnaire sera l'hypothèse privilégiée.

ÉMIGRER OU NE PAS ÉMIGRER ?

Il serait naïf et faux de nier que Cuba vit actuellement une situation complexe. Sans aucun doute, la nécessaire lutte contre la pandémie, exacerbée par une politique aussi criminelle que le blocus, a empêché la réalisation des objectifs visant à donner un nouveau souffle à l'économie cubaine.

Cependant, il est très injuste de prétendre que cette situation est due à l'incapacité ou au manque de volonté politique et d'efforts du gouvernement pour aller de l'avant. Il est également mensonger de dire qu'il existe à Cuba une situation critique telle qu'elle oblige ses citoyens à fuir, de la même manière que ceux qui fuient, par exemple, une guerre.

L'inflation, oui, la spéculation sur les prix, les pénuries, tout cela est réel, tout comme le fait que les services de base essentiels à la population n'ont jamais été interrompus, que le panier familial standard a toujours été distribué de manière équitable, qu'aucun hôpital n'a été fermé, qu'il n'y a pas eu de licenciements massifs, que le secteur privé a été protégé de la faillite, que la vaccination a été menée à bien, sans aucun coût pour la population.

La décision de partir, même au péril de sa vie, est une décision personnelle, elle relève du libre arbitre de chacun. Chacun a ses propres raisons et nul ne peut les remettre en question.
Il convient de souligner que cette Île ne ferme pas ses portes à ses enfants ; ceux qui décident de revenir sont donc libres de le faire.
Certains ont raconté leur histoire. D'autres n'auront jamais le courage de relater leurs expériences, et ceux qui seront parvenus à leurs fins parleront rarement du côté sombre de leur parcours.

En outre, il existe une réalité. Parfois, ce qui semble peu pour certains peut être la plus grande des richesses pour d'autres. Certains poursuivent le « rêve américain », tandis que pour la grande majorité, Cuba est le plus grand des rêves.

EN CONTEXTE :

Les États-Unis ne respectent pas leur obligation légale d'accorder pas moins de 20 000 visas par an, imposent la lourde charge d'un blocus économique brutal et font pression sur les gouvernements de la région pour qu'ils exigent des visas de transit pour les migrants et les voyageurs cubains.

La partie cubaine a averti à plusieurs reprises le gouvernement des États-Unis de sa responsabilité – qu'il a unilatéralement et de manière injustifiée manqué d'assumer depuis 2017 – de faciliter une migration régulière, sûre et ordonnée.

Il y a maintenant plusieurs semaines que les États-Unis font pression sur les gouvernements de la région pour qu'ils prennent des mesures contre les voyageurs cubains, dans un effort cynique pour fermer les portes d'une migration qu'ils encouragent depuis des décennies.

Dans leur volonté d’utiliser la population cubaine comme « otage de leur ambition hégémonique », les États-Unis violent les droits humains de nos citoyens et maintiennent une politique de déstabilisation contre Cuba en violation du Droit international.

SOURCE : Twitter de Bruno Rodriguez Parrilla, ministre des Relations extérieures.